NÓRD, c’est le groupe fondé par Stéphane Grangier qui en est la figure de proue. L’homme n’a pas fait Sciences-Po pour rien. Sa formation l’incite inconsciemment à analyser la complexité de la vie tout en laissant place à une forme de création instinctive. « Si tu réfléchis trop, tu ne fais pas de poésie » affirme-t-il. Stéphane Grangier fait partie des artistes qui pensent en termes d’émotion, d’esthétique et d’analyse de la société.
Naguère, le monde de la chanson était souvent pénétré par des artistes aux vocations intellectuelles et poétiques. Ils venaient s’amuser dans la chanson, tout en y laissant quelque chose… Du fond. Aujourd’hui, ce cas de figure est de plus en plus rare alors que la chanson est l’art le plus efficace pour délivrer des messages. « D’un point de vue subli- minal et inconscient, c’est vrai. Les textes des chanteurs de variété des années 70 n’étaient pas si anodins qu’ils en avaient l’air. Ca paraissait simple, mais ça ne l’était pas tant que ça, il y avait un vrai bagage littéraire derrière. Les auteurs de ces chansons avaient lu Stendhal. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, l’industrie de la musique ne veut plus vendre du sens. » NÓRD est là pour remettre les pendules à l’heure, comprenez, remettre le fond dans la forme avec une redoutable efficacité.
Au travers de son dernière album Ce siècle enregistré et mixé aux Studios Davout par Steve Prestage en 2018, NÓRD évoque la perte en général, parfois simplement de ce sentiment étrange et indomptable qu’est l’amour. Mais il y a des thèmes plus sociolo- giques. Etudiant, il a écrit un mémoire sur la symbolique politique dans le champ des musiques actuelles. Il en reste des traces. « Ce siècle » nous ramène au réel, incandescent et désabusé. Comment peut-on être positif dans le monde d’aujourd’hui ? Impossible. NÓRD transcende à la perfection les tourments contemporains, le tout en délivrant des mes- sages sous-jacent. « Ce que j’aime, c’est le sens caché. » Délivrer des messages essentiels ne veut pas dire donner des leçons. « Je donne juste un point de vue. Je déteste la posture de celui qui fait une leçon de morale. » Ouf ! Merci.
Stéphane Grangier a beaucoup écouté Jefferson Airplane, les Doors, Patti Smith, Janis Joplin, The Velvet Undergroud, Ian Dury dans sa jeunesse. On ne peut donc pas s’étonner que, musicalement, l’acid rock domine. Comme il a aussi beaucoup lu les grands auteurs et écouté un certain nombre de chanteurs français exigeants comme Jacques Brel, Léo Ferré, Serge Reggiani, Hubert-Félix Thiéfaine et Alain Bashung, on se doute bien que l’écriture est littéraire (et littéraire ne rime absolument pas avec pontifiante.) « Je n’aime pas l’intellectualisme pour rien. Il y a quelque chose qui m’attire du côté du « peuple », parce que là, on est dans le vrai. Le rapport au populaire m’intéresse. » « Ce siècle » est bien un disque populaire. Dès la première écoute, il touche, remue, bouscule, fait réfléchir. Stéphane Grangier, s’il refuse de rentrer dans le cadre, sait parfaitement nous faire rentrer dans son monde (« C’est juste un monde à part, c’est juste un monde qui part » explique sa chanson « Un monde à part »).
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